CfP/CfA Veranstaltungen

(Das) Unheimliche (Princeton)

Beginn
29.03.2024
Ende
29.03.2024
Deadline Abstract
06.01.2024

« ... Heimlich est un mot dont le sens se développe vers une ambivalence, jusqu’à ce qu’enfin il se rencontre avec son contraire unheimlich. Unheimlich est, d’une manière quelconque, un genre de heimlich » (L’inquiétante étrangeté, II, trad. Marie Bonaparte et E. Marty, 1933). Les premières traductions retenues du terme unheimlich et de son substantif das Unheimliche en français, « inquiétante étrangeté », « l’inquiétante familiarité », « l’étrangement inquiétant », « l’étrange familier », parmi d’autres, semblent manquer l’ambiguïté même du terme. Ainsi en est-il de la traduction de Marie Bonaparte de 1933, qui préserve l’usage de l’allemand pour communiquer l’ambiguïté et l’étrangeté même de la notion.

À leur suite, plusieurs concepts semblent s’en approcher, sans jamais coïncider avec lui ; ainsi du « déjà-vu », devenu lui-même une proposition de traduction anglophone, de « l’illusion des sosies » (ou doppelganger), ou encore, plus récemment, des travaux de Kristeva autour de l’abjection.

Si l’expérience du Unheimliche est, pour Friedrich Wilhelm Joseph Schelling, le retour du refoulé, la manifestation de ce qui devrait rester caché, elle est caractérisée, selon Ernst Jentsch, par le trouble de la frontière entre le vivant et l’inanimé. Pour Freud, cependant, le Unheimliche se place au croisement de la littérature et de la psychanalyse et mérite un examen à part : « Dans la fiction, il existe bien des moyens de provoquer des effets d’inquiétante étrangeté qui, dans la vie, n'existent pas » (L’Inquiétante étrangeté, III).

Toutefois, la déterritorialisation de ce terme hors du champ psychanalytique ne s’est pas faite sans à-coups. En raison, peut-être, de la germanophobie puis de l’antisémitisme qui ont pu accompagner la réception française des travaux de Freud et de ses confrères allemands, l’exploration littéraire de ce concept s’est davantage effectuée dans les domaines anglo-saxons que francophones. Paradoxalement, au 21e siècle, la psychanalyse « jouit en France d’une situation unique au monde, [qu’elle] doit à son histoire [...] ainsi qu’à sa présence, de multiples façons, dans la culture » (Journal français de psychiatrie, 2004/1 n°21) tout en entretenant des relations ambiguës avec le champ littéraire et théâtral.

Ainsi, la conférence des doctorant·e·s du département de français et d’italien de Princeton envisage d’interroger les définitions et les redéfinitions du terme dans la sphère des études francophones, qu’elles aient suivi ou préexisté aux conceptualisations psychanalytiques. Nous accueillons donc des propositions de contributions portant sur toute période de la littérature et sur tout espace littéraire de langue française (y compris en littérature comparée), s’appuyant sur le Unheimliche ou sur des notions voisines / dialoguant avec ce dernier. Nous encourageons également des propositions performées : arts visuels, lectures à voix haute, seuls-en-scène.

Parmi les sujets possibles, figurent (de façon non exhaustive):

L’esthétique de l’inquiétant, du sinistre et du malaise (liés, par exemple, à la tératologie, aux maisons hantées, à ce qui hante plus généralement)
Les problèmes liés à la déterritorialisation des concepts de la psychologie, en littérature de langue française
Malaise dans la traduction
Questions de liminarité
La notion de trouble, en français comme en anglais, et sa proximité avec le Unheimliche
Vallée de l’étrange et la contribution de la science-fiction et des androïdes, des cyborgs et des humanoïdes à l’exploration du Unheimliche en langue française
L’influence des premiers psychanalystes français — Angelo Hesnard, René Laforgue, Marie Bonaparte — dans la littérature de leur temps (Paul Bourget…)
Lacan « versus » Freud sur la question du Unheimliche et la reterritorialisation de ce débat dans le littéraire
Relecture du canon psychanalytique (Le Horla de Maupassant, la figure de Don Juan, Apollinaire, André Breton…)
Écoulement, prélèvement, décharge de substances corporelles et leur rapport au sujet
Le bouc émissaire, l’aliénation du familier pour rétablir le sentiment de « familiarité » dans une communauté
Le gaslighting dans la littérature
Sentiment d’étrangeté lié à l’expérience d’exil ou de migration, et plus largement, des échanges interculturels

Les doctorant·e·s sont invité·e·s à soumettre leurs propositions à Hervé Goerger (hg8578@princeton.edu) et Grace Yan (gyan@princeton.edu) avant le 6 janvier pour des présentations en présentiel de 15 à 20 minutes environ.

Les propositions comprendront un titre, un résumé (250 à 300 mots), une biographie éventuelle (100 mots), votre affiliation institutionnelle, et vos coordonnées.

La conférence aura lieu le 29 mars 2024 au département de français et d'italien de Princeton. 

Les interventions peuvent être en anglais ou en français. Les décisions seront rendues au plus tard le 28 janvier.

 

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Französische Literatur, Literatur und Psychoanalyse/Psychologie, Poetik, Stoffe, Motive, Thematologie

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Princeton University (PU)
Datum der Veröffentlichung: 22.12.2023
Letzte Änderung: 22.12.2023