Cette thèse a pour objet la mise en récit de Shoah (Claude Lanzmann, 1985). Ce film ayant pour sujet la mise à mort des Juifs entre 1941 et 1945 est construit autour de propos tenus par des acteurs de l'histoire, en excluant toute voix-off et toute image en mouvement contemporaine des faits. En 2012 en France, il est considéré comme une référence incontournable, un chef-d'œuvre. Il est aussi un symbole de l'émergence de la parole des témoins dans l'espace public, du moment-mémoire et de la prise de conscience de la singularité du génocide des Juifs. Ce travail porte sur les différentes étapes de ce devenir référence. La première partie repose sur une étude de l'historiographie et des 67 entretiens menés par l'équipe du film. Ce corpus qui se trouve au Musée Mémorial de l'Holocauste à Washington permet de documenter la mise en place des dispositifs filmiques et la phase correspondant au montage. Ces archives conduisent à établir que Shoah est une forme culturelle construite à chaque étape de sa réalisation. La seconde partie aborde les propos tenus dans l'espace public entre 1985-2011. Elle a permis d'identifier des écarts avec la manière dont l'intrigue du film a été conçue (1973-1985). Ainsi, le récit de Shoah a été appréhendé comme un processus dynamique dont le film est un élément central à considérer parmi d'autres : les tournages des entretiens, le montage, la première diffusion, les appropriations successives dans les médias et dans les sciences sociales aussi bien que par d'autres réalisateurs, l'institutionnalisation (musées et Education nationale) This dissertation's topic is the evolution of Shoah's narrative (Claude Lanzmann, 1985). Dealing with the killing murder of Eastern European Jews between 1941 and 1945, this film is built around statements made by actors of history, excluding any voiceover and any moving pictures of contemporary facts. In 2012 France, it is considered as an essential reference, a masterpiece. This is also a symbol of the emergence of witnesses in public space, the "moment-memoire" and the awareness of the Jewish genocide's uniqueness. This research deals with the various stages of this "devenir référence". The first part is based on a study of historiography and 67 interviews conducted by the film crew. Located in the United States Holocaust Memorial Museum, this corpus allows to document shootings and editing. This collection of archives led to establish that Shoah is a cultural form constructed at each step of the filmmaking. The second part examines the comments made in public space between 1985 and 2012. It identified differences with how the movie's plot was designed (1973-1985). Thus, the narrative of Shoah is investigated as a dynamic process in wich the film is a central element to consider among others : filming interviews, editing, first broadcast, successive appropriations in the media and also in social sciences writings and institutions (Museums, National education system, University)
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