La compilation médicale en sept livres qu'a faite au VIIe siècle le médecin byzantin Paul d'Egine, intitulée Epitomae Medicae, a été transmise par de nombreux manuscrits dont les premiers témoins datent du IXe siècle. Sa diffusion depuis la Renaissance, de l'édition aldine en 1528 à Venise jusqu'à celle de J. L. Heiberg en 1924 dans le Corpus Medicorum Graecorum, ne tient pourtant pas compte de l'ensemble de ces manuscrits, négligeant de ce fait les plus fidèles au texte de l'auteur. Parmi les 44 manuscrits recensés contenant le livre V, qui traite des thériaques et des alexipharmaques (antidotes contre les venins et les poisons), un examen codicologique et philologique systématique, prenant en compte aussi les critères paléographiques et historiques, a permis de retenir 8 manuscrits qui devaient être choisis en priorité: une nouvelle édition illustre cette théorie, accompagnée d'une traduction, pour la première fois en français, avec des notes à caractère philologique, scientifique mais aussi littéraire, inscrivant l'auteur dans une tradition idéologique dont Nicandre, poète et médecin du IIe siècle avant J.-C., est le plus célèbre représentant. Paul Egine a compilé les textes de Philouménos, Pseudo-Dioscoride, Oribase ou Galien, analyse qui a permis d'épurer le texte de leçons qui ne doivent plus désormais lui être attribuées; ces témoignages parallèles suggèrent qu'il a peut-être aussi connu directement des fragments inédits d'Archigène, ce que l'examen exhaustif des sources de l'ensemble du traité devra confirmer. Cela manifeste enfin le travail de synthèse et de réflexion qui préside à cet ouvrage efficace, destiné à un usage pratique, ce que confirme son utilisation au XVIe siècle à la Faculté de Médecine de Paris The medical compilation in seven books made in the 7th c. by the byzantine physician Paul of Egina, under the title Epitomae Medicae, was transmitted in many manuscripts, the oldest of which date back to the 9th c. Its diffusion from the Renaissance onwards, from the 1528 Aldine edition in Venice to the edition by J. L. Heiberg in 1924 in the Corpus Medicorum Graecorum, does not take into account all the manuscripts and has left aside the most trustworthy of them. Among the 44 manuscripts that transmits book V, devoted to theriacs and alexipharmaka (antidotes against venoms and poisons), eight could be selected following a systematic codicological and philological examination, combined with paleographical and historical criteria; this theory is illustrated with a new edition of book V, together with the first ever translation into French and notes of philological, scientific as well as literary interest designed to contextualise the author in the ideological tradition, of which the most famous figure is Nicander, poet and physician of the 2nd c B.C . Paul of Egina has compiled the works of Philumenus, Pseudo-Dioscorides, Oribasius or Galen; the analysis of this process has permitted to remove readings that are not to be ascribed to Paul. The parallel testimonia suggest that he may also have had direct access to unpublished fragments of Archigenes, a hypothesis that will need to be tested through a thorough examination of all the sources of Paul's treatise. Paul's compilation shows off his synthetic and reflexive work in assembling this potent work designed for a practical use, as proven by its use in the 16th c. in the Paris Faculty of Medecine
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