Le noircissement photochimique constitue l’obscurité originelle de l’image argentique. Il matérialise la trace de la lumière, forme une image, lui donnant une texture granuleuse et du noir. Ces deux caractéristiques de la photochimie semblent avoir été « refoulées » de la conscience technologique du cinéma, ainsi la réduction de la taille de grain et la reproduction de la couleur ont-elles toujours été considérées comme les principales avancées dans l’évolution de la technique cinématographique. Comment le grain d’argent et le noir métallique ont-ils été perçus par les historiens, les techniciens et les cinéastes du début de l’histoire du cinéma en France ? Cet article propose une lecture des problématiques du noir du grain d’argent dans la production de l’image argentique, de ses origines jusqu’aux années 1950, et tente, à cette aune, de saisir ses enjeux face aux pixels du cinéma contemporain. Photochemical darkening is the original source of darkness in film. It materializes traces of light and forms an image, giving it a granular texture and blackness. These two characteristics of the photochemical process seem to be what is "suppressed" in our technological awareness of cinema. Thus, reducing grain size and reproducing color have always been considered the main areas of progress in the development of cinematographic techniques. How were the silver grain and metallic black perceived by historians, technicians, and filmmakers at the beginning of cinematic history in France? This article offers an interpretation of the issues connected to the blackness of silver grain in the production of film-based motion pictures, from their origins to the 1950s, and attempts, within this framework, to grasp its implications with regard to the pixelization of images in contemporary cinema. Die ursprüngliche Dunkelheit des analogen Filmbilds ist dem Nachdunkeln der Fotochemikalien geschuldet. Die Spur des Lichts wird stofflich zum Bild, indem sie ihm eine körnig-schwarze Textur verleiht. Beide Eigenschaften der Fotochemie hat unser technologisches Bewusstsein offenbar "verdrängt", denn als wichtigste Fortschritte der Filmtechnik galten meist die Verkleinerung der Körnchengröße und die Farbreproduktion. Wie haben Historiker*innen, Techniker*innen und Filmemacher*innen der frühen Filmgeschichte in Frankreich das Silberkorn und die Farbreproduktion gesehen? Der vorliegende Artikel schildert die Probleme, die sich aus der Schwärze des Silberkörnchens für die Herstellung bewegter Bilder auf analogem Film von seinen Anfängen bis in die 1950er Jahre ergeben haben und skizziert, welche Herausforderungen daraus angesichts der Pixel des heutigen Films entstehen.
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