Quand on parcourt l'oeuvre de Perec, on s'aperçoit de l'omniprésence de l'intertextualité : il recourt à des emprunts intertextuels dans des oeuvres littéraires, dans des écrits privés, mais aussi quand il parle, en public ou à ses proches. La pratique intertextuelle de Georges Perec excède donc le cadre du texte. Or, s'il existe de nombreuses études consacrées à l'intertextualité dans l'ceuvre de Perec, elles se fondent principalement sur la théorie du texte qui interroge l'insertion des fragments hétérogènes dans un texte, mais non leur présence. En quittant le cadre de la théorie du texte et en introduisant une notion de sujet, on peut alors non pas décrire mais évaluer le geste qui consiste à parler et à écrire par le biais des mots des autres. On peut ainsi voir, dans un premier temps, que l'intertextualité sert d'embrayeur de l'écriture pour un sujet écrivant. Puis, en historicisant les pratiques intertextuelles et les revendications de ces pratiques, on voit que l'écriture intertextuelle est le résultat d'un repli sur soi du littéraire, qui trouve dans la mémoire de la littérature sa réserve, mais aussi le produit d'un champ littéraire contemporain qui valorise le geste de la citation. Enfin, en se concentrant davantage sur la dimension privée de certains emprunts, on voit que Perec est celui qui se sert de l'imaginaire du livre comme médiation de la violence historique, qui se sert des mots des autres comme médiation de l'intime et enfin qui se sert de la répétition comme réponse au manque, produisant l'opération qui traite la névrose du vide par le saut sur place de la répétition Intertextuality is a constant in Perec's work : he uses intertextual fragments in his novels, in his personal writings, but also when he speaks in public or to his friends. This diversity oversteps the text itself. Several studies have focused on Perec's intertextuality, but most of them adopt a textualist approach, dealing with the inclusion of heterogeneous fragments in a text, but not with the meaning of their presence. If we choose not to use the Text Theory and to introduce the notion of subjectivity, it becomes possible not only to describe but to evaluate the act of speaking and writing with the words of others. Therefore, we can see that intertextuality operates as a writing catalyst for a writer. Then, reflecting on the history of intertextual devices which can be claimed or dissimulated, we can see that intertextual writing is the result both of the self-centered evolution of literature, and of Perec's literary field, which values intertextual writings. Finally, focusing on the private aspect of some quotations, we can see that Perec uses the imaginary of the library as a mediation of historical violence, that he uses the words of others as a mediation of intimacy, and that he uses repetition as a response to emptiness
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