Ce travail se propose d'étudier les sources classiques présentes dans la Cité de Dieu d'Augustin selon une approche poétique. Plus précisément, il étudie les traces visibles de cette culture, dans laquelle les œuvres de Cicéron, Varron, Salluste et Virgile occupent les premiers rangs. Cette perspective conduit dans un premier temps à parler de la citation, notion définie en termes d'altérité textuelle, et comme coprésence de deux énoncés. Dans la deuxième partie, les citations sont analysées en relation étroite avec leur contexte d'accueil, dans lequel elles s'insèrent et laissent entendre des voix secondes, créant ainsi une polyphonie au service du dessein apologétique de l'œuvre. L'ensemble des emprunts classiques et des références possibles construisent un « substrat » fécond qui tisse dans l'œuvre des liens intratextuels cohérents et participe de l'ordre du discours. C'est l'objet de la dernière partie de l'étude, qui s'attache d'abord à la figure du locuteur, régisseur d'une polyphonie discursive d'autant plus efficace qu'elle fait entendre ou qu'elle tait ses sources. L'étude montre, en dernier ressort, que le texte augustinien développe une forme renouvelée du dialogue philosophique, fondé sur un dialogue intériorisé et théâtralisé, qui tire profit des ambigüités des textes classiques pour conclure, partiellement du moins, à l'aporie de la philosophie païenne. Elle s'accompagne d'un relevé des citations classiques insérées dans leur contexte d'accueil et comprenant des annotations philologiques This work intends to study classical sources in Augustine's City of God with a poetic approach. More precisely, it examines the visible traces of that culture in which the works of Cicero, Varro, Sallust and Virgil prevail. That perspective leads in the first place to deal with the quotation, a notion which is defined as textual alterity, and as the simultaneous presence of two utterance. In a second part, the quotations are analyzed in close relationship with the context in which they are embedded, in which they integrate and allow secondary voices to rise, thus cerating a polyphony serving the work's apologetic design. All the classical borrowings and the possible references produce a fertile substrate which interweaves coherent intratextual links in the work under analysis and partakes in the organization of the discourse. This is the focus of inquiry in the last part of the study which first dwells on the figure of the utterer who is in charge of a discursive polyphony which is all the more efficient as it discloses or hides its sources. The study shows, to finish with, how the Augustinian text develops a new form of philosophical dialogue based on an internalized and dramatized dialogue which takes advantage of the ambivalences in classical texts in order to come to the conclusion, at least in part, that pagan philosophy is an aporia. The study also comprises a list of classical quotations embedded in their new context and philological comments
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