Max Memmi peint, avec des yeux pétillants et pleins d'empathie, les personnages de ses romans, notamment ceux qu'il a confiés, ces dernières années, aux éditions Orizons. Or, dans A la recherche du corps, il chausse ses yeux d'un appareil et vise la peau de nos contemporains. En feuilletant ce livre-album, nous avons été sensibles au foudroiement qu'opère le regard de l'artiste ; de son doigt, il a déclenché l'étrange alchimie d'où naîtra une image ; d'elle et d'autres, affleurera l'atlas troublant de la chair ; non une chair esthétisée mais enchâssée, fragmentée, réduite au format d'une paume, d'un sein, d'un avant-bras, glabre ou velu.0La dilatation d'un petit territoire est au mur de ce travail. Ainsi, photo après photo, s'exerce la fascination due à un processus terrestre qui replace les modèles dans le grand dessin universel. Telle brousse de poils, tels sillons d'une paume, tel amas de pores ressortissent à l'épopée créatrice : partant des spores d'algues et de champignons, elle aboutit, par cheminements, aux corpuscules tégumentaires du genre humain
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