Verlag:
CNRS Éditions, Paris
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OAPEN FOUNDATION, The Hague
L’histoire de la lecture fait désormais partie des domaines privilégiés de la recherche en sciences humaines. Or un aspect majeur de cette histoire est resté jusqu’ à ce jour peu exploré : la tradition des cahiers « d’extraits » - autrement dit l’art...
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L’histoire de la lecture fait désormais partie des domaines privilégiés de la recherche en sciences humaines. Or un aspect majeur de cette histoire est resté jusqu’ à ce jour peu exploré : la tradition des cahiers « d’extraits » - autrement dit l’art de constituer une bibliothèque choisie à partir de notes de lecture recopiées. Depuis la Renaissance, ces recueils d’extraits font office d’anthologies personnelles dans lesquelles le lecteur stocke, selon des règles plus ou moins précises, les expressions et les idées des auteurs consultés, constituant par là un butin de citations directement utiles à ses propres productions. Substituts commodes de bibliothèques plus vastes, ces recueils de notes ont exercé une influence cruciale sur la littérature européenne moderne. Le XVIIIe siècle joue un rôle ambigu dans l’histoire de cette pratique. D’un côté, il soumet l’art de l’extrait à une critique acérée. D’un autre, il continue à se livrer avec application à cet exercice. C’est donc l’exploration d’un paradoxe qu’entend engager le présent ouvrage, en analysant la tradition culturelle qui sous-tend la pratique de l’extrait et en étudiant les bibliothèques manuscrites de quelques écrivains caractéristiques (Shaftesbury, Montesquieu, Winckelmann, Lichtenberg, Hamann, Herder, Jean Paul, Heinse, Louis Sébastien Mercier).