Que veut dire rappel ? Et puis ce rappel, qui donc ici le bat ? Sont-ce les oiseaux qui se rappellent, qui s’appellent entre eux ? Ou l’oiseleur qui s’essaie aux gazouillis ? Touit-Touit, piouït ! piouït ! tuii... tui !... Appel ou appeau ? Qui appelle qui et pourquoi ? De tous les titres rassemblés dans la première des quatre grandes suites de clavecin que composa Jean-Philippe Rameau. Le Rappel des Oiseaux est sans doute le plus mystérieux. Ce n’est pas à dire que ce livre est sans objet. Des objets, il en a, et de toutes les sortes. Des petits et des grands. De bruyants comme les ponts (pont, pont, pont, pont : Ludwig Van et Bibici. Combien de décibels ?). De muets, comme la danse etcomme le cinéma... Beaucoup d’objets, mais un seul souci. La musique, où s’exprime le caractère amoureusement désespéré de la relation de Céline aumonde. Attendant, pour se lier, que les êtres ou les choses ne tiennent plus que par un fil. Qu’il laisse alors filer, de peur qu’il ne se rompe. Mais filer comme on fait d’une ligne. A petits coups, d’un mouvement souple du poignet. Mouvement d’autant plus étudié que, enfin libéré de l’urgence de la prise, il le travaille, en somme, pour la beauté du geste.
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