Le présent volume constitue les actes d'un colloque qui s'est tenu à Lorient en novembre 2009. Partant du constat qu'au-delà du roman dit « à thèse », caractérisé par un message clair et univoque, tout roman propose une saisie du monde, qui ne peut rester étrangère aux « systèmes » d'organisation sociale, de gouvernement, de partage des droits et des devoirs, les participants ont voulu interroger les liens variés qui unissent la politique au genre romanesque. Il s'agissait ainsi d'interpréter la visée esthétique des œuvres, les stratégies poétiques qu'elles déploient dans leur interaction permanente avec les affaires de la cité. L'évolution diachronique des rapports entre roman et politique atteste de la persistance de cette perméabilité depuis au moins le XVIIIe siècle. Ainsi, les contributions de ce volume proposent une approche variée des rapports entre roman et politique, dans une perspective diachronique tout d'abord, puis par le biais de problématiques plus spécifiques : le roman historique et ses échos politiques, la question de l'engagement, l'écriture du roman dans un contexte politique totalitaire, le roman post-colonial, la question de la réception politique des œuvres romanesques. Toutes ces contributions s'attachent donc, en définitive, à souligner que le roman, par le recours à la fiction, élabore un monde dont les significations englobent en le débordant largement l'espace plus restreint du politique, entraînant le lecteur vers une expérimentation, une mise en question et une prise de distance. Le texte narratif apparaît ainsi comme un antidote à la tentation de l'univocité et de la simplification dangereuse, éprouvée aussi bien par la politique politicienne que par l'engagement canonique.
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