"Il est des criminelles. Le constat seul mérite d'être rappelé, tant le crime semble parfois supposer le seul criminel. Les criminelles, nous en parlons, et ne cessons même d'en parler, jouant avec le fait divers comme avec les règles de la fiction, avec le récit comme avec le témoignage, avec la lettre comme avec l'image, dans la vie et sur la scène, renouvelant chaque fois nos hésitations et nos incertitudes : de nos criminelles, que faire et que dire? Car si notre culture des criminels s'appuie sur une sociologie qui assoit la place des hommes dans un crime devenu, chez Émile Durkheim, un 'phénomène normal', cette même sociologie rappelle depuis qu'elle s'y intéresse la sous-représentation des femmes au sein de la population criminelle. Ce régime d'exception n'empêche pas la multiplicité de figures désormais canoniques, de l'empoisonneuse à la femme fatale en passant par la faiseuse d'anges. La criminelle, aussi absente que protéiforme, occupe ainsi un champ à l'intersection du désir, de la transgression et du fantasme, favorisant la rencontre entre les lectures traditionnelles du féminin et les relectures renouvelées tant par le prisme du crime que par celui des théories du genre et des féminismes. La criminelle permet donc tout à la fois de penser le crime par le genre et d'interroger le genre dans le crime. Tel est l'élément structurant du présent ouvrage qui, tant dans la littérature que dans le cinéma, les arts de la scène ou la sociologie, s'engage sur les traces de personnages par lesquels une société se dédit, contredit ses discours, et se plaît à relativiser ses normes."--Back cover
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