Les dénombrements des feux réalisés au cours des XIVe et XVe siècles par les états de Bourgogne sont bien connus : depuis la fin du XVIIIe siècle, les archivistes en ont réalisé de bons catalogues et les historiens les ont largement exploités en matière de démographie et d'anthroponymie, d'histoire du peuplement et des institutions. Il restait à les étudier en soi, à analyser les conditions tant matérielles qu'intellectuelles de leur élaboration : quelles matières ont été mises en œuvre (papier, parchemin, reliure), par qui et selon quel processus les enquêtes ont été effectuées (commis, itinéraires, nomenclatures), comment est organisée l'information (directives et applications, réglure et mise en page), comment est-elle traitée (feux réels et feux fiscaux, mise d'assiette, collecte) ? L'étude, à la fois codicologique, diplomatique et quantométrique, de la centaine de registres conservés ouvre bien des perspectives sur les techniques administratives et comptables en usage en Bourgogne à la fin du Moyen Âge et au début des Temps modernes ; elle livre ainsi de précieuses informations sur les concepts et les pratiques gouvernementales, la politique du prince, la stratégie des représentants aux états, les réactions des populations.
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