La notion d'imaginaire linguistique est généralement associée au double rapport de la langue à la pensée et à la création. Si nous pensons à partir des catégories grammaticales et lexicales des langues naturelles, l'exercice de la pensée s'effectue concrètement dans la dimension du discours individuel, oral ou écrit. D'où l'idée selon laquelle l'art de bien parler, ou de bien écrire, et l'art de bien penser n'en font qu'un. L'imaginaire apparaît alors comme le lieu de la fiction, du fantasme, du fantasmagorique et comme le lien entre le rêve et la réalité, la production des idées et leur formulation par le langage, l'invention des choses et leur nomination par les mots. À partir d'illustrations puisées essentiellement, mais non exclusivement, dans le champ discursif africain, les textes rassemblés ici tentent de montrer comment l'imaginaire linguistique, cet objet aux contours difficilement saisissables parce que bâti sur du subjectif, opère à travers quelques thèmes privilégiés qui alimentent les discours épilinguistiques tenus par le sujet parlant ou écrivant et comment il se manifeste au niveau des outils sémio-linguistiques (formes lexicales, grammaticales, énonciatives et rhétoriques) dans des textes narratifs ou argumentatifs. L'étude des représentations que l'on se fait des langues et de ceux qui les parlent se situe au carrefour de la linguistique et des autres disciplines des sciences sociales. En multipliant les points de vue et les angles d'attaque autour du concept d'imaginaire linguistique, le présent ouvrage, commis par des spécialistes en provenance de divers horizons disciplinaires, se veut une illustration du bon usage qui peut être fait de la pluridisciplinarité, de l'interdisciplinarité et de la transdisciplinarité.
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