Les territoires des fantastiques sont multiples, et n'ont pas toujours été explorés. Il en va de même des divers états du fantastique, qui ont produit, et produisent encore, des effets spécifiques, par la mise en œuvre, dans les textes, de figures culturellement codées mais traumatisantes, comme le cauchemar, les monstres, les doubles, les vampires ou Méduse - sans oublier des monstruosités plus actuelles. Chaque époque de la seule « culture occidentale » a donné lieu à des prises en compte, dans l'imaginaire comme dans la réalité, de figures de l'horreur, de la terreur et de la monstruosité - par des récits qui montrent l'évitement du regard, ou sa saturation devant l'innommable. Notre époque, en privilégiant la « monstration » franche, de préférence aux ruses du regard, a-t-elle vraiment donné toute sa place à une lecture des effets de malaise engendrés quand ces figures peintes produisent ou reproduisent ce qu'intuitivement chacun de nous connaît comme un « sentiment de fantastique » ? Comment cet « impossible et pourtant là » se présente-t-il dans le cadre des tableaux présentés comme fantastiques, au moins depuis Baudelaire ?...
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