"Avec une équipe composée de littéraires, d'historiens de l'art, de spécialistes du théâtre et de la danse, de musicologues et d'historiens, ce projet témoigne bien d'un autre des aspects novateurs et structurants du travail de Micheline Cambron : le décloisonnement disciplinaire. En effet, bien qu'elle ait produit des textes originaux et marquants sur la critique et l'histoire littéraires, ses travaux d'équipe sur l'histoire et la mémoire culturelle dépassent largement la perspective disciplinaire pour envisager en un tout dynamique la "dimension esthétique de la vie commune" (Cambron, 2012 : 13) propre à un lieu et à une époque. Ainsi, des livres comme La vie culturelle à Montréal vers 1900 ou des chantiers tels que "Penser l'histoire de la vie culturelle" ont fait travailler de concert, et ce, pendant plusieurs années, des spécialistes de littérature, de théâtre, d'histoire, d'arts visuels et de musicologie dont les objets et les méthodes, souvent proches les uns des autres, ont longtemps évolué en vase clos. De pair avec sa curiosité intellectuelle et son érudition, c'est aussi son intelligence de la théorie qui permet à Micheline Cambron de mobiliser de semblables équipes pluridisciplinaires. Le pari est ici que par-delà les objets d'étude disciplinaires, les concepts et les méthodes (que ce soit la théorie des réseaux, des institutions, de la mémoire ou de son envers) peuvent agir comme facteurs transversaux pour mettre en commun des interrogations et des démarches de nature épistémologique. Sur le plan institutionnel, cette ouverture laisse un héritage durable, ne serait-ce que parce que sous sa direction, comme le rappelle le témoignage de son complice d'alors, Denis Saint-Jacques, le Centre d'études québécoises (CÉTUQ) s'est ouvert aux spécialistes de tous les domaines de la culture en devenant le CRILCQ [...]."
|