Voici la première monographie consacrée à une œuvre forte d’une quarantaine d’ouvrages, romans, essais, poèmes, traductions, aussi diversifiée dans ses productions qu’unitaire dans sa cohésion comme si le vocable de corpus pouvait se perdre comme métaphore, retenu à la puissance de chair, au souffle et au rythme de celui qui tient la plume. Que relève-t-elle dans son fonctionnement des limites et des ambitions de la littérature contemporaine, de son rôle et de ses pouvoirs ? Œuvre de chair, le texte est moins une réalisation de l’intellect que création d’un enveloppement vivant où s’incarne l’origine, où le fils consomme l’inceste avec la mère, où le masculin ne peut parler que d’une double voix dans son identification au féminin. Au battement des contradictions de l’âme et du corps, du transcendantal et de l’organique, de la ténèbre de l’origine et de la clarté des signifiants, de la sainteté et de la souillure, une langue porteuse et sacralisée, échappant à toute sécularisation esthétique, devient, entre silence et absence, ce phrasé qui récupère en mythobiographie la nullité de l’existence, cette incantation qui célèbre la perte, l’échec et le désespoir ontologique. L’écriture, en son cheminement de perdition, ne cesse de boucler son cercle pour que, à jamais retranché de la parole, ne cesse de résonner son secret dans la musicale chambre d’échos.
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