Déchet et littérature : une analyse comparative et interdisciplinaire
Partant du material ecocriticism, la philosophie, la psychanalyse, les affect studies et diverses études sociologiques du déchet, ce projet a pour but d’explorer les manières dont l’ordure peut s’inscrire dans la littérature. Comment pouvons-nous la représenter sans tomber dans la moralisation et blâmer autrui ou, inversément, succomber au « côté sombre » de l’écologie qui nous invite à considérer la race humaine elle-même comme déchet, digne d’être balancé par la fenêtre? Différents paradigmes ont émergé à travers ce souci de représentation: l’ironie dans Freedom de Jonathan Franzen, l’accumulation grotesque dans Underworld de Don DeLillo, l’absurdité dans Endgame de Samuel Beckett ou la valeur éphémère dans les textes post-apocalyptiques de Cormac McCarthy (The Road) et Paul Auster (In The Country of Last Things). La figuration des ordures présente une grande affinité avec la littérature post-apocalypitique, et nous trouvons de nombreux cas où c’est précisément l’excès de pollution qui engendre la fin de notre monde. Ainsi, ce paradigme témoigne de la fin de l’utopie et du début d’une imagination restrictive, qui voit une nécessité de détruire ce qui est avant de pouvoir reconstruire du sens. Inversement, dans les œuvres Second Hand de Michael Zadoorian et Underworld de Don DeLillo, l’emploi d’objets trouvés comme catalyseurs narratifs permet de réinvestir un sentiment de révérence et de mystère derrière le monde matériel qui a été mis à mal par l’ère de la marchandisation, du plastique, et de l’obsolescence programmée. Comment d'autres discours et esthétiques du déchet peuvent-ils émerger? Comment le littéraire peut-il ouvrir de nouvelles possibilités esthétiques dans sa figuration? Comment l'image peut-elle à la fois dénoncer et remettre en question le statut-ordure des objets ?