Styles de pensée, pensées du style : écrire le vivant (Revue Arts et Savoirs)
Revue Arts et Savoirs, “Styles de pensée, pensées du style : écrire le vivant”
PRÉSENTATION
Ce numéro de la revue en ligne Arts et Savoirs (plateforme OpenEdition anciennement Revues.org) portera à la fois sur l’écriture littéraire et l’écriture scientifique au XIXe siècle. La question du style ne sera pas réduite à des problématiques exclusivement linguistiques ou formalistes, ni à des réflexions sur ce qu’il peut y avoir de strictement individuel dans l’écriture et les discours. En effet, ce numéro prendra plutôt en compte une dimension interdiscursive : elle peut être liée à des sociabilités savantes (certains des auteurs traités peuvent faire partie des mêmes institutions ou des mêmes cercles, comme celui des dîners Magny), ou entretenir des amitiés qui les rapprochent aussi sur le plan de la pensée et de la pratique scripturale (c’est le cas des Pouchet et des Flaubert par exemple), ou elle peut être liée aussi à des lectures marquantes (celle de Bichat par exemple pendant tout le siècle) ou à la circulation de discours au moment des querelles scientifiques retentissantes du XIXe siècle (sur l’unité de plan et de composition de la nature ou de la génération spontanée par exemple) ou encore des polémiques durables (par exemple sur l’évolution et son application en sociologie et en politique).
Les articles aborderont la question du style dans un contexte épistémologique qui se caractérise par la promotion de ce qu’on appellera plus tard les sciences du vivant, et l’émergence progressive d’une nouvelle discipline, la biologie. À une époque où les frontières n’ont pas encore scellé la séparation entre les « deux cultures » (C. P. Snow, Cambridge, 1959), des métaphores prégnantes, des modèles de pensée circulent en double sens de la science à la culture. Dans ce contexte d’échanges, de restructuration des hiérarchies et des valeurs (promotion de l’esprit positif, des sciences historiques et naturelles contre la religion), de circulation de nouveaux modèles de pensée, de lutte des paradigmes (créationnisme contre transformisme par exemple), il nous semble intéressant d’interroger quelques textes – scientifiques, philosophiques ou littéraires – sur les manières de penser et d’écrire le vivant, sur les régularités discursives ou inversement les déplacements, les ruptures qui caractérisent l’écriture de nos auteurs (ce mot « écriture » permettant d’aborder sans dissociation un style/pensée, et, le cas échéant, le travail dans les avant-textes), et qui révèlent une manière particulière de s’insérer et d’agir dans un contexte épistémologique fortement marqué par la formulation d’hypothèses sur la logique du vivant et l’histoire de la nature .
La notion de « style de pensée » permettra de tenir ensemble l’écriture, la poétique des textes et l’archéologie des savoirs. Par ailleurs, la conception du « style » évolue chez certains auteurs qui le redéfinissent en insistant sur l’inséparabilité de la forme et du fond, et en recourant à des métaphores ou des modèles de pensée empruntés aux sciences du vivant.
Si le cœur du numéro sera le XIX e siècle, nous n’exclurons pas des propositions qui déborderaient les bornes chronologiques indiquées, à condition qu’elles soient bien motivées par rapport à la question et à la période choisies qui resteront néanmoins au centre du numéro. Les propositions ne se limiteront pas au domaine français, le numéro sera très ouvert à des propositions sur le domaine allemand et anglais, très importants pour cette question au XIXe siècle.
Les propositions (20 lignes) sont à adresser avant le 30 mars 2020 à Gisèle Séginger : gisele.seginger@u-pem.fr avec la mention « Pour Arts et Savoirs » dans la rubrique « Objet ». La remise des articles est prévue le 1er septembre 2020.