Prudence/imprudence. Production et traduction des textes formels, politiques et juridiques
Colloque international
Prudence/imprudence
Production et Traduction des textes formels, politiques et juridiques
18-19 Novembre 2021 à Nancy
La production et la traduction des textes formels, en particulier ceux qui relèvent de la sphère politique et juridique, exigent une véritable stratégie de discours. La prudence requise est d’autant plus importante que l’émergence et la restitution du sens deviennent à la fois un acte cognitif et linguistique périlleux. Dans ces catégories de discours, les enjeux inhérents aux notions concernées pourraient engager la responsabilité scientifique, voire civile, des néologues et des traducteurs, se trouvant alors face à un dilemme insoluble : agir avec imprudence ou prendre des d’innombrables précautions afin de ne pas présenter de productions malencontreuses. Locuteur et traducteur doivent donc fluctuer entre les deux chaînons que constituent prudence et imprudence lorsqu’ils agissent sur et à travers les textes formels.
Cependant, la série de précautions à prendre, lors du processus néologique ou traductologique, dépasse largement le cadre purement linguistique, puisque ce processus implique des enjeux de pouvoir, expose la diversité des représentations culturelles, aussi que les décisions et pratiques politiques et judiciaires d’une aire culturelle bien déterminée.
Faut-il prendre ces précautions pour réaliser une création néologique et/ ou une traduction qualifiée de prudente qui tiendra compte de toutes les spécificités et contraintes des textes et notions ? Ou bien faut-il, au contraire, ne pas être si précautionneux, car trop de prudence prise pourrait conduire à la manipulation de la réalité de l’autre et en déformer l’essence ?
Qu’il s’agisse d’un simple lecteur profane, d’un expert de traduction ou même d’un usager spontané, a-t-on les compétences requises pour diagnostiquer les imprudences dans les choix opérés, ou à l’inverse, les précautions excessives ?
D’ailleurs, il ne faudrait pas confondre le couple binaire prudence/imprudence avec celui de précision/imprécision, qui agit davantage sur la qualité des néologismes et de la traduction, leur fidélité et élégance. Ces deux notions touchent davantage le processus néologique/traductologique dans sa totalité et englobent l’intégralité des choix opérés.
En néologie tout comme en traduction, l’imprudence pourrait témoigner d’une certaine audace, d’une réelle liberté créative nécessaire à chaque entreprise de restitution du sens. Elle pourrait s’assimiler cependant à des bévues, étourderies, hardiesse et imprévoyance. Bref, à la témérité, ou simplement à la négligence et aux sottises. D’où la nécessité d’établir une taxinomie rigoureuse des types d’imprudence pour démontrer les champs dont elle relèverait.
De même, et comme le dit Jules Renard : « Avec de la prudence, on peut faire toute espèce d'imprudences ». Dans la néologie tout comme dans la traduction, exagérer les précautions conduirait à une sorte de déformation qui altérerait le sens et entraverait la clarté du message ; les précautions excessives pourraient s’avérer alors dangereuses, fâcheuses, regrettables.
Nous nous interrogeons enfin sur la didactique à adopter afin d’éviter ces imprudences et sur les précautions à prendre afin de permettre aux enseignants de les détecter, de distinguer les milieux dans lesquels elles évoluent ainsi que d’en mesurer les conséquences.
À travers cette rencontre, nous souhaitons apporter quelques éléments de réponse à ces questions :
Quelles sont les contraintes et contextes qui génèrent cette prudence et en font une vertu de néologisme/traduction ? Est-ce la nature même des textes ? La réception ? Les qualités stylistiques ?
Quel est le juste milieu entre prudence légitime et demandée, et imprudence excessive et entravante ?
Comment certaines fautes involontaires, dues à un manque de prévoyance ou de précaution, pourraient engager la responsabilité civile ou parfois même pénale des traducteurs ? Les études de cas sont parfaitement envisageables.
Axes du colloque :
Axe lexical : Dans cet axe, nous interrogerons les équivalents lexicaux afin de voir comment et pourquoi ils nécessiteraient davantage de prudence. Cela est valable pour les locutions, expressions et figements.
Axe culturel : Ce volet concerne la prudence/imprudence dans le domaine des équivalents culturels. Lors du passage d’une culture politique/juridique à une autre, on commet - parfois par précipitation - des imprudences dues au manque d’équivalent précis.
Axe conceptuel : Cet aspect se rapporte aux inconséquences des concepts par lesquels on invite les représentations et notions politiques et juridiques qui diffèrent d’une culture à une autre.
Axe didactique : Ce champ couvre les indications didactiques visant à mettre en garde contre la précipitation ou, inversement, la circonspection, en matière de traduction/néologie.
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Les propositions de contributions peuvent concerner un (ou plusieurs) des corpus suivants :
Les discours politiques (écrits, oraux, slogans…)
Les textes juridiques (Codes, Lois, Circulaires…)
La presse politique (Rubriques opinions, commentaires, débats…)
Littérature judiciaire (faits divers, réalités juridiques et judiciaires...)
Les textes politiques autobiographiques ou fictionnels
La littérature coloniale et postcoloniale axée sur la politique et la justice
Les ouvrages de fiqh/ fatwā…
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Calendrier et modalités de soumission
Vous pouvez envoyer des propositions de communication en arabe, en français ou en anglais conjointement à l’adresse suivante : colloque.nancy.2021@gmail.com
Les communications orales pourront avoir lieu en français ou en anglais.
Nous vous prions de respecter ces normes :
Résumé de 500 mots maximum
Nom et prénom, affiliation(s) académique(s) de l’auteur ;
Titre de la communication, mots-clés (5 maximum) et bibliographie sommaire ;
Positionnement par rapport aux axes de l’appel à communication : A, B, C et D.
Dates importantes :
Date limite de soumission des propositions: 28 février 2021
Notification aux auteurs : 20 mars 2021
Date du colloque : 18-19 Novembre 2021
Soumission d’articles : 30 décembre 2021
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Comité d’organisation :
Nejmeddine Khalfallah (Université de Lorraine, France)
Hoda MOUKANNAS (Université libanaise, Liban)
Yacoub ALSHAMMARI (Université du Koweït, Koweït)
Clara VALLI (Université de Lorraine, France)
Comité scientifique :
Fadi JABER (Université de Lorraine, France)
Hela Nejjar (Université de Balamand, Liban)
Hoda MOUKANNAS (Université libanaise, Liban)
Laurence DENOOZ (Université de Lorraine, France)
Maria NASR (Université de Balamand, Liban)
Mohammad BIN NASER (Université du Koweït, Koweït)
Nadia BEN ELAZMIA (Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc)
Nejmeddine KHALFALLAH (Université de Lorraine, France)
Shamlan ALQENAI (Université du Koweït, Koweït)
Yacoub ALSHAMMARI (Université du Koweït, Koweït).